Information importante
Les chroniques présentes dans cette page ne sont pas présentées dans un ordre chronlogique de parution.
Certaines datent de plusieurs années, voire décennies.
La précision des contenus proposés a évolué grandement depuis les premières découvertes sur François de Fossa grâce à des recherches historiques approfondies et n'a ainsi cessé de s'améliorer au fil du temps. C'est pourquoi nous demandons au lecteur du discernement lors des interprétations qu'il peut faire grâce à et à l'aide de ces diverses chroniques. Elles ont toutes leur place sur ce site qui traite essentiellement de François de Fossa fils (1775-1849), le compositeur-guitariste-militaire dont nous faisons, aux Amis de François de Fossa, la promotion, bien que certaines parties de ce site se rapportent aussi à François de Fossa père (1726-1789), un éminent jurisconsulte perpignanais. Il faut que le lecteur se place dans le contexte temporel de l'avancée des recherches effectuées sur cet artiste et identifie les avancées de celles-là.

Philippe Foulon rejoint les AF2F en tant que Conseiller musical et artistique

Philippe Foulon a accepté l'invitation de Pierre Coureux d'être Conseiller musical et artistique des Amis de François de Fossa.
Son ambition (partagée par les AF2F) est d'enregistrer, en vue du 250ème anniversaire de la naissance de François de Fossa, le 31 août 2025, deux disques compacts (CD) en 2022 et 2023 d'œuvres de François de Fossa interprétées par un trio guitare, violon et basse pour le premier et un quatuor avec deux guitares, un violon, un alto et un violoncelle pour le second.
Un document de présentation du Quatuor d'Amour est disponible ici au format PDF.
 

Lettres à ma sœur Thérèse par les Archives Départementales des Pyrénées-Orientales

La transcription des Lettres à ma sœur Thérèse par Nicolas Panabière des AD66 au format PDF.
 

Gabriele Natilla est le Directeur Artistique de l'association

L'association Les Amis de François de Fossa a demandé à Gabriele Natilla d'assurer la Direction Artistique de ses évènements musicaux et en particulier des Festivals François de Fossa qui ont lieu chaque année, à la date anniversaire de la naissance du compositeur.

Nous vous livrons ci-après une petite biographie de Gabriele Natilla.
Gabriele Natilla est diplômé du Conservatoire National de Bari (Italie), de l’Académie Chigiana de Sienne (avec le maître Oscar Ghiglia) et de l’École normale de Musique de Paris (avec le maître Alberto Ponce). Il s’est aussi perfectionné à Florence avec Flavio Cucchi et il a étudié la musique ancienne aux séminaires de Valtice en République Tchèque. Il est titulaire du C.A. de professeur et de la Laurea en sémiologie de l’Université de Sienne avec une thèse sur la structure narrative de l'humour juif.
Il a donné des concerts dans une quinzaine de pays européens, en Israël, au Maroc, aux États-Unis, en Corée du Sud et au Japon. Dans ces pays d’Asie, il a enregistré deux CD consacrés à la musique italienne. Lauréat de plusieurs concours internationaux en Italie (Saluzzo, Bari), Pologne (Cracovie) et au Japon (Tokyo, Nagoya) il s’intéresse tôt à la musique ancienne, ce qui le mène à s’initier aux instruments originaux : en plus de la guitare classique il joue en solo et en formations stables et occasionnelles du théorbe, de la guitare baroque et du 19e siècle, de l’archiluth.

Il a reçu des prix dans plusieurs concours internationaux. Parmi ceux-ci : « Paolo Barsacchi » (Viareggio, Italie, 1995) ; Chitarrissima (Saluzzo, Italie, 1995) ; Ile-de-France (Paris, 1996) ; Miedzynarodowy Festiwal Muzyki Gitarowej (Cracovie, Pologne, 1997) ; Japan Chamber Music Academy (Nagoya, Japon, 2000) ; Toppan Hall (Tokyo, 2000) ; « Mauro Giuliani » (Bari, Italie, 2001). Il a donné des concerts dans une quinzaine de pays européens, en Israël, au Maroc, aux États-Unis, en Corée du Sud et au Japon.
En 2005 il a enregistré au Japon le Cd « Passeggiate » avec de la musique italienne pour guitare seule. Il a été invité plusieurs fois par la radiotélévision japonaise NHK. En 2010 le label sud-coréen « Guitarmania » a produit son enregistrement des 25 études de Matteo Carcassi.
IIl est co-fondateur en 2010 et directeur artistique du festival de guitare Sul Tasto Paris. Depuis 2011, il est invité aux stages d’été de l’Académie Internationale de Musique de la Lozère à Mende.
Gabriele mène plusieurs projets permanents : « Lo sonar dell'alma » et « Les esquisses » pour la musique baroque, le quatuor de guitares « Zellige », « Tempéré variable » en duo de guitares classiques, « Un air d'Italie » avec la chanteuse Cristina Marocco.
Professeur d'Enseignement Artistique, il est titulaire d'une classe de guitare au Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Argenteuil dans le Val d'Oise.

Lorenzo Micheli et Matteo Mela font partie du projet Les Amis de François de Fossa

Depuis 2005, Lorenzo Micheli et Matteo Mela font partie du projet Les Amis de François de Fossa.


Voici quelques lignes sur Lorenzo Micheli.

Lorenzo Micheli, guitariste et théorbiste, a donné plus de 600 concerts en Europe, aux États Unis et au Canada, ainsi qu'en Amérique Latine, Asie et Afrique, en se produisant dans des salles importantes comme Carnegie Hall à New York, Konzerthaus à Vienne, Tchaikovsky Hall à Moscou, Sejong Hall à Seoul, Hall of Columns à Kiev. Lorenzo a remporté le premier prix du Concours "Pittaluga" à Alessandria (1997) et du "Guitar Foundation of America Competition" (1999). En 2002, avec Matteo Mela, il a fondé « SoloDuo », un duo de guitares dont le Washington Post a écrit: “Extraordinarily sensitive, with effortless command and an almost unbearable delicacy of touch, the duo’s playing was nothing less than rapturous – profound and unforgettable musicianship of the highest order.”
À côté du répertoire classique, romantique et moderne, Lorenzo travaille depuis longtemps sur la musique italienne du XVIIeme siècle pour guitare baroque et théorbe. La gamme de ses explorations discographiques est très large et comprend une vingtaine de disques pour Naxos, Stradivarius, Brilliant, Solaria, Pomegranate et Contrastes : parmi les autres, il a enregistré la musique pour guitare seule de Miguel Llobet, Dionisio Aguado, Mario Castelnuovo-Tedesco, les Cantates de Alessandro Scarlatti, le livre "pour tous les instruments" de Andrea Falconieri (1650), les quatuors de François De Fossa et les duos de Antoine de L'Hoyer, les Sonates du compositeur viennois Ferdinand Rebay, un double CD de musique de chambre de Mauro Giuliani, les Concertos et les 24 Préludes et Fugues de Castelnuovo-Tedesco, les albums "Morning in Iowa" (avec l'ex "Dire Straits" David Knopfler), "Solaria", "Noesis" et "Metamorphoses" (avec Matteo Mela), et le disque "Autumn of the soul". Il a édité une vingtaine de partitions et rédecouvert et publié oeuvres de Castelnuovo-Tedesco, Rebay et autres, et il dirige une collection de musique pour deux guitares chez l'éditeur canadien « d'OZ ».
Lorenzo, qui habite Milan, est doyen des études supérieures ainsi que professeur de guitare à la Haute École du Conservatoire de la Suisse italienne, à Lugano, et “Artist in Residence” à la University of Colorado Boulder. Il enregistre en exclusivité pour Decca-Universal Music.
Pour plus d’informations, visitez www.lorenzomicheli.com et www.soloduo.it.

Qui est Nicole Yrle ?


Nicole avec Matanya Ophee, le découvreur de François de Fossa
Ce que nous dit Nicole d'elle-même :

« Professeur de Lettres classiques, j’ai aimé partager mon amour de la littérature avec des jeunes. Ma première publication fut le résultat d’un travail à quatre mains avec une amie : un livre destiné aux classes de lycée, Lire à plaisir, suivi d’un autre pour les professeurs, tous deux publiés aux éditions Ellipses. Mais c’est de l’histoire ancienne ! Désormais davantage tournée vers une inspiration plus personnelle, je consacre une grande partie de mon temps à l’écriture de récits, de nouvelles et de romans.
Je suis lauréate du Grand Concours Littéraire du Monde Francophone 2008 organisé par l’Académie Poétique et Littéraire de Provence, pour une nouvelle, Éblouissement, et pour le récit Nous nous sommes tout dit.
Grande admiratrice du poète René Char, j’ai choisi ma devise dans Les feuillets d’Hypnos : « Ne te courbe que pour aimer ». »

Nicole à rejoint les Amis de François de Fossa chez qui elle occupe le poste de secrétaire-adjointe et a beaucoup contribué au contenu de ce site Internet. Elle est l'auteure des deux romans et de nombreuses chroniques et articles qui alimentent celui-ci.

Didier Baisset a donné une conférence à l'UPVD le 3 juin 2019


Didier Baisset, ancien doyen des facultés de droit, est professeur d'histoire du droit et des institutions à l'Université de Perpignan Via Domitia.

Dès sa thèse de doctorat, soutenue à l'université des sciences sociales de Toulouse I (1997), il s'est intéressé à l'histoire de la province du Roussillon sous l'ancien régime.
Auteur de nombreux articles scientifiques publiés à l'occasion de colloques ou de journées d'études en France et à l'étranger, il a également contribué à la rédaction de plusieurs ouvrages collectifs.
Outre d'autres domaines d'investigations scientifiques, tel le droit comparé, il poursuit aujourd'hui ses recherches sur l'histoire institutionnelle, politique et juridique du Roussillon aux XVIIème et XVIIIème siècles.

Des hommes et le Roussillon par Jean Rifa

   Cette chronique a été publiée dans La Semaine du Roussillon N°497 du 03/11/2005.
   François de Fossa fils (1775-1849)
   Officier supérieur et …compositeur de grand talent
  C’est l’histoire invraisemblable d’un homme né à Perpignan et qui, on ne sait où ni comment, écrit une musique très en avance sur son temps. Abandonnée à sa mort dans des cartons, elle sera découverte fortuitement par un guitariste américain qui se mettra en quête de la faire reconnaître et apprécier du monde entier.
(Jean Rifa)
  Lorsque un père et un fils portent le même prénom et qu’ils ont été tous deux des personnages marquants de leur temps, une certaine confusion se crée forcément à leur sujet. Qu’à fait l’un ? Qu’à fait l’autre ? De qui parle-t-on ? À fortiori, lorsque plus d’un siècle et demi nous éloigne d’eux. C’est peut-être pour cette raison que François de Fossa fils, un musicien aujourd’hui renommé mondialement, est quasi inconnu ici, éclipsé par la personnalité de son père. Pour en dire un mot, de ce père célèbre (1726-1789), sachons simplement qu’il a été juriste, homme de lettres, doyen de la Faculté de droit de l’Université de Perpignan et grand historien. La rue de Perpignan qui porte le nom François de Fossa, créée en 1912, est donc dédiée au père, François le fils n’étant en ce moment-là pas connu. Et pourtant sa vie vaut d’être contée !
  Une découverte fortuite
Lors d’un récital qu’il donne au Festival International de Guitare de Cracovie, en Pologne, J.Francisco Ortiz, professeur de guitare au Conservatoire National de Région de Perpignan, fait la connaissance d’un éditeur et musicologue américain qui lui dit être en possession de partitions pour guitare écrites par un certain François de Fossa. La curiosité fait place à l’étonnement lorsque F. Ortiz déchiffre ces partitions parfaitement inconnues ici. Des « œuvres particulièrement belles que je me mis en tête de faire connaître » dit F. Ortiz. Et une question taraude son esprit : « Comment se fait-il que cette musique ne soit pas arrivée jusqu’à nous alors qu’il était l’ami intime à la fois de Dionisio Aguado dont il traduisit la méthode en français et de Fernando Sor dont tout guitariste n’ignore les études ? » L’explication lui en sera donnée un peu plus tard par l’étonnante histoire que raconte cet américain à la fois guitariste, musicologue et éditeur, Matanya Ophee qui, en 1979, découvre par hasard une œuvre de de Fossa à Concord, dans le New Hampshire. La qualité de la partition entraîne Ophee dans une très longue démarche de recherches sur François de Fossa. Et l’invraisemblable se produit : Ophee découvre qu’il existe bel et bien à Perpignan un dépôt inexploité fait depuis une vingtaine d’années aux archives par une dame de Marseille, descendante directe de la famille de Fossa. Prenant contact par téléphone avec cette dame, l’américain n’en croit pas ses oreilles lorsqu’il entend la voix de Madame de Fossa. « C’est un peu comme si j’avais eu Mme Mozart au téléphone, » dira-t-il. Et cette rencontre va enclencher un long travail de découverte et de reconnaissance de l’œuvre immense de ce génial compositeur. Ajoutons que, selon Matanya Ophee qui a fait une thèse sur la guitare, François de Paule de Fossa aurait introduit la guitare en Amérique, via le Mexique.
  Militaire et baroudeur
François de Paule de Fossa naît à Perpignan le 31 août 1775, de François et Thérèse Beauregard. De ses études et de son éducation on ne sait rien sinon que son milieu familial érudit lui donne accès à une culture développée et ouverte aux arts et à la musique. Le domicile de la famille de Fossa se situe au cœur de la ville, rue Fontaine Na Pincarda, face à la fontaine. La Révolution et le décès de son père en 1789 le font émigrer en Espagne en avril 1793. Il y rejoint l’armée du Roussillon avant d’entrer au service de Miguel d’Azanza, ministre de la guerre puis vice-roi de la Nouvelle Espagne (Mexique). De 1798 à 1803, de Fossa accompagne le vice-roi dans ses campagnes au Mexique où il sera commandant de la 4ème division de la Milice de la Côte Sud. De retour en Espagne, il est nommé à l’Etat-Major de l’Armée Espagnole, à Cadix. Chef de bureau du ministre des Indes en 1808, il reste attaché à son régiment et, lors de la bataille de Grenade, le 27 janvier 1810, il est fait prisonnier par l’armée napoléonienne et emmené à Madrid. Il sera libéré par Joseph 1er, le nouveau roi d’Espagne et retrouve son poste au ministère des Indes. A la chute de Joseph 1er, en 1813, il se réfugie en France avec l’armée napoléonienne et se retrouve capitaine de la Légion Départementale de l’Allier qui deviendra le 3e Régiment de Ligne. Sa carrière militaire se poursuit dans diverses villes de garnison françaises et c’est à Strasbourg qu’il prend pour épouse en 1825 Marguerite Sophie Vautrin. Trois enfants naîtront de leur union, Cécile, Victor et Laurent. En 1830, il participe également à la conquête de l’Algérie. Retiré de l’armée en 1844, officier de la Légion d’Honneur, François de Fossa décède à Paris le 3 juin 1849.
  Et la musique ?
Une carrière militaire aussi mouvementée peut-elle laisser une place à la composition musicale ? Cela semble bien compromis et pourtant, les premières œuvres sont datées de 1808. Ce détail est connu par une lettre qu’il adresse de Madrid à sa sœur Thérèse Jaubert de Campagne, demeurant à Céret. « (…) les connaissances que j’avais acquises dans la musique et dans la composition m’avaient donné l’espoir de me rendre utile au public et de gagner au moins ma vie à composer pour la guitare (…) Mon premier essai redouble mon espoir : une œuvre de quatuor que je fis entendre ici fut reçue avec enthousiasme ; on m’a prodigué des éloges, on m’a appelé le Haydn de la guitare » Propos enthousiastes vite rattrapés par la réalité car, lorsqu’il voulut tirer parti de son talent de compositeur, on ne lui offrit que quelque misérable argent « de quoi payer seulement le papier » ajoute-t-il, amer. Disons aussi que la situation financière du jeune homme n’est guère florissante. De Madrid, il dit dans ses lettres que ses émoluments ne sont pas à la hauteur du poste qu’il occupe et que, parfois, il n’est même pas payé. Fossa ne fera donc jamais une carrière de musicien à temps plein mais, loin de se décourager, il crée des œuvres dont les qualités premières sont la recherche et la fraîcheur. N’ayant à composer que pour lui-même, il ne subit aucune contrainte d’ordre commercial et sans doute voit-on dans cette situation de liberté totale la clef du nouveau genre qu’il développe. Matanya Ophee, le musicologue américain, écrit en 1990 : « ces pièces surprennent par la richesse inhabituelle de leur matériau mélodique, ainsi que par les amusantes inventions dont elles sont parsemées. Rythmes syncopés, souvent alliés à des pédales dissonantes, effets dynamiques inattendus, prestidigitations harmoniques, modulations fréquentes et imprévues, tout cela contribue à créer une musique intense et vibrante (…) Sans aucun doute, la contribution principale de Fossa au répertoire de la guitare, par delà même sa propre musique, réside dans le fait que, sans lui, nous n’aurions jamais connu les quintettes pour guitare de Boccherini, qui sont peut-être la pierre angulaire de la musique de chambre avec guitare ».
  Reconnu mondialement
Qu’en est-il aujourd’hui, dans son pays de naissance ? Outre J.Fransisco Ortiz, qui a enregistré dans les locaux du Castillet l’œuvre de Fossa pour guitare seule et qu’il a eu le plaisir de présenter à Mexico, à Acapulco et à Jaèn, lieux où résida de Fossa, l’association « l’Art et la Manière » est désormais le partenaire culturel du « Quatuor François de Paule de Fossa » qui s’est produit au Festival de Palau del Vidre cet été 2005 lors de la journée hommage dédiée au compositeur en présence de musiciens et musicologues du monde entier, de Maître Roland d’Ornano, du barreau de Marseille et de Nice, descendant direct du compositeur par sa mère, Matanya Ophee, musicologue et éditeur américain, Jacques Quéralt, animateur du colloque, Jacqueline Veisse-Maspharmer, auteur de « François de Fossa, journal d’un émigré catalan », Michel Peus ancien directeur adjoint du C.N.R. de Perpignan, Joan Peytavi, Universitaire. Le « Quatuor opus 19 » de François de Fossa a été à cette occasion remarquablement interprété par J.Francisco Ortiz et Pascal Goze à la guitare, Paule-Pascale Rabetllat au violon et François Ragot au violoncelle.
Quant au parcours maintenant mondial du compositeur, citons entr’autres les CD de Kazuhito Yamashita, (1995), 3 Quatuors enregistrés chez Stradivarius par Lorenzo Micheli, Matteo Mela, Ivan Rabaglia et Enrico Bronzi, le 1er enregistrement mondial avec instruments d’époque « The complete 9 String Quartets » avec Jukka Savijoki et Erik Stenstadvold (2001), Grand Duo de guitare du Festival de Malbronn 2001, « Concertants 3 op.18 » F. de Fossa, Simon Wynberg, Bryan Epperson, Martin Beaver.
  Condensé de son œuvre
• Compositions originales (nombreux quatuors, duos, solos) certaines restent encore à découvrir,
• Arrangements des compositions de Haydn,
• Nombreuses transcriptions d'ouvertures d'opéras,
• Adaptation en français de la Méthode de guitare de Dionisio Aguado.
Une bibliographie de ses œuvres a été publiée aux Editions Orphee (Etats-Unis).
  Sources
• Notices sur François de Fossa, par Matanya Ophee, J.Fransisco Ortiz, Jacques Quéralt, Jacqueline Veisse-Maspharmer, collationnées et aimablement communiquées par Marielle Olive,
• Extraits de presse (L’Indépendant des 22 et 27 juin 2005) art. de J-M Collet et B. Gorrand.
  Contact : « Quatuor François de Paule de Fossa »
Organisation de concerts : Association « l’Art et la Manière », Marielle Olive : Tél : 04 68 50 97 34, Port : 06 22 80 34 01, Mail : art.maniere@wanadoo.fr
  Illustration : Portrait de François de Fossa (envoyé par mail au journal par M. Olive).
avec l’aimable autorisation de Maître Roland d’Ornano

Guy Ilary a été Maire de Tautavel pendant 42 ans

Il est maintenant attaché à la communauté urbaine Perpignan-Méditerranée-Métropole où il est délégué en charge de la territorialisation depuis 2014. Il est un grand soutien de l'association Les Amis de François de Fossa qu'il a proposé d'accueillir pour y donner des concerts de ce célèbre compositeur-guitariste-militaire qu'a été François de Fossa.

François Fossa, le juriste (1726-1789) par Gilbert Larguier

La carrière du juriste François Fossa est exceptionnelle. Né en 1726 à Perpignan, sa précocité fut remarquable. A dix-huit ans il participe au concours de recrutement de la chaire de droit civil vacante à l’université. Deux ans plus tard celle de droit canon lui est attribuée. Il s’impose rapidement. Ses cours soigneusement argumentés, clairs, lui attirent le respect, une large audience, et la confiance de ses collègues. A trente-trois ans il est recteur de la faculté de droit et recteur de l’université. Aussi, lors des cérémonies organisées en 1759 à l’occasion du centenaire du rattachement du Roussillon au royaume de France, fut-il le porte-parole des professeurs de l’université que le pouvoir royal entendait mettre en exergue et dans sa prise de parole glorifia le monarque ainsi que le commandant en chef de la province, le maréchal de Mailly.
Fin connaisseur des subtilités du droit public catalan resté en vigueur en Roussillon après son annexion, il fut sollicité par la noblesse dans le conflit qui l’opposait aux bourgeois honorés. Particularité catalane étrangère à la société française, l’assemblée municipale de Perpignan comme celle de Barcelone disposait du droit de créer des bourgeois-nobles, une catégorie intermédiaire entre la noblesse et la roture dont l’acquisition constituait une étape quasi obligée dans l’ascension sociale – au XVIIIe siècle le pouvoir royal s’arrogea cette prérogative. La « vieille noblesse » française contestait son appartenance au second ordre. La question divisa les élites de la province un demi-siècle durant. Fossa s’engagea dans des recherches de longue haleine, réunit près d’un millier de chartes afin de justifier les droits du second ordre. Un corpus imposant, unique, matériau de ses ouvrages et de l’ébauche de la partie diplomatique d’une Histoire du Roussillon resté inachevée. Il fit don de la majorité d’entre elles au cabinet royal et y gagna la noblesse.
Ce don justifia officiellement en effet son anoblissement patronné par le garde des sceaux Miromesnil. Ce dernier, dans une lettre adressée au secrétaire d’État en charge du Roussillon, le maréchal de Ségur, avance comme mérite principal de Fossa d’avoir réuni « les matériaux de l’histoire et le monument du droit public du Roussillon […] Ses riches portefeuilles… feront une partie précieuse des collections que je destine à perfectionner notre histoire. » Les lettres d’anoblissements données par Louis XVI à Versailles au mois de décembre 1786 sont vérifiées par le Conseil souverain et juridiquement efficientes au mois de mars suivant. François Fossa meurt le 6 août 1789, deux jours après la nuit du 4 août dont il ne put recevoir la nouvelle.
Fossa, un parcours exemplaire, dépourvu d’aspérités. Un jeune homme doué, précocement appelé à jouer les premiers rôles à l’université au rayonnement de laquelle il contribue, devenu une référence et un recours en matière de droit public de la Catalogne et du Roussillon pour l’administration comme pour la société, dont la réputation, dépassant les frontières de la province, est connue jusqu’à Versailles, ce qui lui vaut d’être élevé à la noblesse. L’éminent juriste ou les vertus de la voie universitaire dans le Roussillon du XVIIIe siècle. Un cas unique, qui, si on l’examine avec attention, prend tout son relief et sa dimension lorsqu’on le replace dans l’histoire du Roussillon au sein de la séquence originale qui va du traité des Pyrénées (1659) à la veille de la Révolution (1789).
Fossa ou le couronnement d’une ascension sociale
Au-delà de ses qualités personnelles, Fossa donne d’abord à voir un exemple d’ascension sociale remarquable, accompli en moins d’un siècle. Au moment du traité des Pyrénées les Fossa résidaient à Saint-Laurent-de-Cerdans. Pere (son bisaïeul), cloutier de son état, se maria l’année même de l’annexion du Roussillon. On sait l’importance de l’industrie du fer dans le haut Vallespir, ainsi que le rôle tenu par les travailleurs du fer dans la révolte des Angelets, motivée d’abord par le refus de la gabelle du sel, qui au fil des mois prit une tournure ouvertement anti-française. Pere en fut. Il participa au siège de la capitale du Vallespir, Céret (1670), épisode marquant de la révolte qui ne s’éteignit pas avant le milieu de la décennie 1670.
Ses deux fils quittent la montagne et le fer, viennent s’installer à Perpignan. L’année de la mort de leur géniteur ils se marient. L’ainé épouse la veuve d’un menuisier native du sud des Pyrénées, le cadet convole avec la fille de celle-ci. Leur fils Joseph, né en 1690, put aller à l’université, étudia le droit et devint avocat auprès du Conseil souverain. Cela lui permit de faire un mariage gratifiant. Il épousa Francesca Jaubert, fille d’un notaire connu, membre du corps des mercaders, lui-même en voie d’ascension sociale car son épouse était fille d’un patricien. En raccourci, de la montagne excentrée à la capitale, du fer à la plus haute dignité académique : un siècle exactement sépare le mariage de l’arrière-grand-père cloutier et le discours du recteur de l’université prononcé lors de la célébration du centenaire du rattachement du Roussillon à la couronne de France.
Le cas des Fossa éclaire sur les dynamiques sociales postérieures au traité des Pyrénées. Au moment de l’annexion le Roussillon ne comptait guère plus de 60 000 habitants et Perpignan probablement moins de 5 000. Des mutations se produisent au sein de la population, consécutives aux choix faits pendant les guerres : des départs vers le sud (2 000 ?), des arrivées (1 000 ?). La stabilisation fut lente, entravée par l’incertitude du sort réservé à la province (serait-elle échangée contre un autre territoire ?), une conjoncture climatique et économique difficile, la présence de troupes nombreuses, sans compter le tarissement des relations avec le Principat. Ceci, quasiment jusqu’à la fin du règne de Louis XIV.
Ces conditions peu favorables n’ont cependant pas fait obstacle à la mobilité sociale. Au contraire. La guerre et ses retournements de situations y contribuèrent. Afin de s’assurer des soutiens chaque camp s’employa à conférer des titres et des honneurs, jamais retirés une fois acquis. Pour les Fossa, d’extraction rurale et modeste, la voie fut plus traditionnelle : gagner la ville. Perpignan, si l’on considère la taille de sa population, était une des rares villes (la seule ?) à posséder deux institutions remarquables : un Conseil souverain et une université. Le premier, récemment créé par le nouveau pouvoir, était encore en voie de consolidation. La seconde, beaucoup plus ancienne, victime des troubles, périclitait. On ne saurait trop insister sur leur importance, le soin mis par le pouvoir royal à les conforter, à les mettre en valeur, et sur leur rôle dans la province au XVIIIe siècle. Un exemple, postérieur il est vrai à l’insertion citadine des frères Fossa, en dit long. D’après les registres de capitation il y avait environ quarante avocats auprès du conseil en 1740. A la veille de 1789 ils étaient près d’une centaine. L’étude des patronymes montre qu’il s’agissait essentiellement d’hommes nouveaux. On aperçoit là l’importance, pour le destin du futur juriste, de l’investissement dans des études universitaires, puis du choix de l’accès au barreau auprès du Conseil souverain ; des signes manifestes d’une stratégie d’ascension sociale.
Une séquence originale de l’histoire du Roussillon
Couronnement de cette stratégie, François Fossa bénéficia également de conditions d’existence moins sombres que les générations qui l’avaient précédé. Durant près de trois siècles s’étaient succédés une crise profonde tout au long du XVe siècle comme dans l’ensemble de la Catalogne, l’affrontement entre les rois de France et les Habsbourg après l’accès de ces derniers à la couronne d’Espagne, la défiance croissante puis la rupture entre Madrid et le Principat, sur fond d’insécurité (le bandolérisme) et de profondes divisions. L’issue de la guerre de Succession d’Espagne et l’installation des Bourbon à Madrid mirent un terme à cette suite délétère sur laquelle les populations n’eurent jamais aucune prise, au prix, il est vrai, pour le Principat, d’un profond traumatisme symbolisé par le décret de la Nova Planta (1716). On ne saurait trop insister sur les effets à court comme à long terme de l’évènement. Les Pyrénées, leur partie orientale plus particulièrement, cessent d’être le théâtre d’opérations militaires et de mouvements de troupes. La continuité dynastique permet aux Pyrénées, pour reprendre une expression parfois employée en géopolitique, de passer du statut de « zone chaude » à celle de « zone froide ». Entendons par là qu’elles ne constituent plus une frontière conflictuelle. D’aucuns, avant la fin du XVIIIe siècle, iront même jusqu’à imaginer l’effacer. Ainsi le maréchal de Mailly. Voulant améliorer la route conduisant en Espagne il envisagea un instant de faire travailler ensemble au passage du Perthus trois cents Français et trois cents Espagnols « sans délimitation du terrain et sans marquer les limites des deux royaumes ».
François Fossa appartient à la première génération qui depuis près de deux siècles n’avait connu ni les troubles, ni la guerre. Par ailleurs, la conjoncture économique s’éclaircit, comme dans l’ensemble des pays méridionaux. Une reprise démographique s’amorce dont les effets commencent à devenir perceptibles au milieu du siècle. Perpignan atteint près de 10 000 habitants. Le pouvoir royal n’aura de cesse de les attribuer à la paix retrouvée. Il renforce, certes, sa dense administration à l’instar de ce qui existait dans les autres provinces du royaume – une nouveauté pour le Roussillon resté relativement sous-administré jusque-là comme le reste du Principat –, mais engage aussi une véritable politique de séduction à l’égard des élites. Celle-ci prend un relief particulier lorsqu’on se rappelle la dégradation des relations entre le Principat et la monarchie espagnole au XVIe siècle puis dans la première moitié du siècle suivant, génératrice d’incompréhension, de défiance, puis de rupture. Elle avait conduit à la desunió, la noblesse catalane par exemple se plaignant amèrement de n’avoir pas bénéficié des « grâces » de la monarchie.
Les relations nouées sur place et du côté du royaume de France sont d’un autre type et d’une autre qualité. On pourrait produire de nombreux exemples. Prenons ceux de François Fossa et de Joseph Jaume, de cinq ans son cadet, professeur de droit civil à l’université (1757), nommé à la chaire de droit français en 1787, et successeur de François Fossa au décanat de l’université après sa disparition. En 1766 ils sont à Toulouse, assistent à une séance du Parlement. On les fait asseoir « dans le parquet, face aux gens du roi », une marque de considération éclatante car on les traitait comme des pairs. Au mois de juin 1784, ils accompagnent le Premier président du Conseil souverain en visite chez le gouverneur du Roussillon, le maréchal de Noailles, à Saint-Germain-en-Laye puis à Versailles. Ils assistent aux audiences du Parlement de Paris. Jaume noue de nombreuses relations. Voici ce qu’il écrit dans ses notes : « je connaissais déjà presque tous ces avocats de Paris, et ils me connaissaient sans nous être vu. » Connaissance et reconnaissance réciproques.
Fossa, d’une certaine manière, est l’homme d’une séquence favorable de l’histoire du Roussillon. Il s’éteint avant que n’intervienne la rupture radicale entraînée par la Révolution, avec entre autres la suppression du Conseil souverain et de l’université.
Fossa, un homme des Lumières
Ne nous trompons pas cependant. La « pénétration française » dans la société a été moins profonde et plus inégale qu’on a pu parfois le penser, les pratiques et les relations sociales restant peu modifiées. Des différences existent entre Perpignan, les bourgs et les villages, entre les vallées aussi, ne serait-ce, au fil du XVIIIe siècle, qu’à cause de l’ouverture sur l’extérieur, de la fréquentation par les étudiants d’universités comme celles de Toulouse et de Montpellier. Même les individus les plus proches du pouvoir, qui s’exprimaient en français, restaient profondément catalans dans leurs pratiques quotidiennes. Fossa rédige ses brouillons en catalan. Il pensait donc moins en français qu’en catalan. Ce n’était pas une spécificité roussillonnaise. Il en était de même dans de nombreuses provinces françaises.
Les élites n’en ont pas moins été très sensibles aux Lumières. Un ensemble de facteurs y ont concouru. Pour en saisir la conjonction – elle fait du cas du Roussillon un cas extrêmement original – et comprendre l’attitude des nouveaux régnicoles, il convient de prendre un peu de champ. Premier facteur, décisif, sur lequel on insiste peu : la disparition de l’Inquisition en Roussillon. Louis XIV n’avait pas donné de successeur à l’inquisiteur en titre après son décès… Par contraste, on peut voir combien l’Inquisition entrava l’Illustració en Espagne au XVIIIe siècle. Avec la prise de Barcelone en 1714 et la Nova Planta le Principat perd temporairement sa capacité d’attraction. Au même moment la France, sur le plan des arts, de la production intellectuelle et littéraire, de la langue aussi parlée par toute l’Europe éclairée, devient un phare avec tout au long du siècle une production immense, de qualité, largement diffusée, alors que la Catalogne est comme frappée d’asthénie. La bibliothèque de Fossa où figurent les principales œuvres classiques mais fort peu d’ouvrages en langue catalane constitue un excellent exemple à cet égard. L’amélioration des communications routières avec le royaume n’y a pas été étrangère, une ligne de messagerie parvenant jusqu’à Perpignan.
La diffusion de la franc-maçonnerie témoigne de l’adhésion aux nouvelles formes de sociabilité répandues dans le reste de l’Europe. Neuf loges ont été identifiées à Perpignan, une à Thuir, une autre à Vinça, sans compter les loges militaires. Ce nombre est très élevé pour une ville comme Perpignan dont la population ne dépasse 10 000 habitants qu’au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le rôle du maréchal de Mailly dans sa diffusion a été déterminant. La date de la création de la première loge, la Sensibilité, en 1734, très précoce, est cependant antérieure à sa nomination comme commandant en chef de la province. L’influence de la franc-maçonnerie – elle n’hésite pas à la manifester – se devine par exemple dans le bâtiment de l’université construit après 1759 ou après 1780 dans le plan de la ville nouvelle de Port-Vendres.
Tout à ses recherches sur les monuments de l’histoire du Roussillon, Fossa paraît moins impliqué que d’autres dans les réseaux académiques du royaume. Il se signale cependant par ses liens renoués avec les sociétés de pensée du sud des Pyrénées concrétisés par son élection à l’Académie des Belles Lettres de Barcelone. Son discours de réception en 1780 est très éclairant. Modèle du genre, il est celui d’un homme des Lumières. Rien ne manque du vocabulaire et de l’esprit de celles-ci (talents, vertu, raison, mérite, utilité…). Il commence par célébrer l’Académie, fleuron « des plus célèbres Académies de l’Europe », « corps lumineux qui éclaire la nation catalane », dont la fonction, comme toutes les académies, est de discerner les mérites, les vertus, les talents et d’élever à une noblesse différente de la « noblesse martiale », seule reconnue naguère, qui, à la force des armes, substituerait la domination de la raison, « l’art de penser juste, de bien écrire, de bien parler », des qualités appelées à se répandre dans tous les états, c’est-à-dire dans l’ensemble du corps social.
Fossa ne manque pas de rappeler les liens qui l’attachent à la Catalogne voisine, ses ascendances familiales dans le haut Vallespir, la fraternité entre les Roussillonnais et les Catalans en raison d’un droit partagé et réciproque de naturalité, ses travaux d’histoire et de droit public qui l’ont en quelque sorte naturalisé de l’autre côté des Pyrénées. Pour bien saisir le sens de cette réflexion ainsi que celui de son « adoption » par l’Académie des Belles Lettres il faut se souvenir que le décret de la Nova Planta avait considérablement réduit dans le Principat le champ d’application du droit public ancestral.
On ne peut manquer de mettre en regard l’élection et l’anoblissement. L’une et l’autre distinguent le même domaine de compétence et d’excellence en des termes quasi identiques. L’élection élève à la noblesse académique, l’anoblissement à celle du mérite par la grâce royale. Notons l’emploi du possessif par le garde des sceaux lorsqu’il annonce destiner les chartes transmises par Fossa « à perfectionner notre histoire ». Ce notre signifie reconnaissance de la diversité des sources juridiques du royaume et addition des catalanes à celles-ci. Fossa était trop fin juriste pour ne pas en percer la portée symbolique. Il signifiait un degré supplémentaire de l’insertion du Roussillon dans le royaume, laquelle ne serait plus seulement territoriale.
Cette esquisse ne saurait aborder voire même évoquer succinctement tous les aspects de la carrière de François Fossa. Intelligence précoce, il s’impose rapidement comme un des maîtres les plus éminents de l’université en plein renouveau. Sa notoriété, acquise par sa connaissance du droit public catalan, lui vaut d’être accueilli à l’Académie des Belles Lettres de Barcelone et anobli par Louis XVI. Cas unique en son temps d’une reconnaissance pareille des deux côtés des Pyrénées. Fossa a cependant moins contribué à façonner son temps qu’il n’en a été le produit. Par là il en est le révélateur pertinent et l’éclaire.
L’instant même de son décès est saisissant. Depuis deux jours les privilèges féodaux sont abolis, ceux des ordres, des provinces, des villes, des corporations, vont l’être dans la foulée. Soit la suppression de la noblesse, et pour le Roussillon l’abrogation de son statut, de son droit particulier, de ses institutions publiques, privées, religieuses. Une transformation encore plus radicale pour la province qu’elle ne le sera pour le reste du royaume.
François Fossa s’éteint quand un monde – son monde – s’apprête à disparaître.
Gilbert Larguier

Lettres de l'autre monde par Annick Foucrier

Un chapitre d'Annick Foucrier (au format pdf) : Lettres de « l’autre monde » :
La correspondance de François de Fossa pendant son séjour au Mexique (1798-1803)
dans le magnifique ouvrage « LES FRANÇAIS AU MEXIQUE du XVIIIème au XXIème SIÈCLE »
aux éditions L'Harmattan, sous la direction de Javier Pérez Siller et Jean-Marie Lassus

Birthday of François de Fossa par Jan de Kloe

On August 31 in 1775, the composer François de Fossa was born in the French-Catalonian city of Perpignan. In 2017 this was feted on his birthday with concerts, lectures, and visits to the places where he was active, among them the house where he was born and lived. The day was organized by the president of the François de Fossa society, Pierre Coureux, and was attended by lovers of the guitar as well as by the guest of honor, discoverer and publisher of most of his music, Matanya Ophee.
Divertimenti from François de Fossa’s Opus 6 were played by Francisco Ortiz as illustrations to a lecture by author Nicole Yrle. She wrote a romanticized biography of the composer. Then the musicologist Bruno Marlat gave a well illustrated history of the guitar and how it went from 5 course double string to 6 string as we know it today. Musical illustration during the day was by the duo Timothée Vinour-Motta and Rémy Patel. They played solo works and duets, primarily the arrangements that de Fossa made of Haydn music on period instruments. These young players finished their evening performance with Sor’s l’Encouragement, brilliantly performed.
The more recent publications of Editions Orphee of de Fossa’s music are five duos based on opera overtures which I presented. The original composers are Nicolas Dalayrac, Henri Berton, Gaspare Spontini, Niccolò Piccinni, and Antonio Sacchini – all composers that were active in Paris before or during the period that de Fossa lived there.
Jan de Kloe

Rue Fontaine Na Pincarda par Nicole Yrle

À plusieurs reprises, François de Fossa a, en écrivant à sa sœur Thérèse restée à Perpignan — en particulier en 1813 depuis Bayonne — libellé l’adresse ainsi :
« Madame Campagne, née Fossa, vis à vis la fontaine la Pincarde à Perpignan ».
C’était le temps où les numéros n’existaient pas encore !
 
Cette jolie fontaine publique du Moyen Âge, la plus ancienne de Perpignan, est encore aujourd’hui alimentée par une citerne encastrée dans le mur, elle-même reliée à un réseau souterrain depuis une source située près de la porte de Canet (aujourd’hui place Cassanyes).
Elle doit son nom à une famille qui vivait dans la maison à laquelle elle est adossée : les Pincard, des teinturiers et des marchands dont un marchand d’huile à l’époque de François de Fossa. Depuis 1540, sur ordre des consuls, il était interdit de laver son linge dans la fontaine !
 
À 2,50 m. du sol on voit une plaque de marbre blanc, gravée d’une croix fichée de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. L’encadrement porte une inscription :
« Font del hostal de Sant Johan
d. XXI de oct MCCCCXXXI »
ce qui confirme la création de la fontaine en 1431 par les Hospitaliers, à l’origine de la fondation en 1116, près de la cathédrale, d’un hôpital détruit au début du XXe siècle.
 
Si la maison de Fossa, sise en face de la fontaine Na Pincarda, coula des jours paisibles, d’autres, situées à peine un peu plus loin dans la même courte rue, connurent des tragédies. C’est ainsi qu’en décembre 1661, un assassinat fut commis sur la personne de Don Emmanuel de Sant-Dionis, un homme réputé violent. Il avait eu des relations coupables avec sa jeune et jolie voisine, Thérèse de Béarn, et l’aurait souffletée par jalousie en découvrant qu’elle avait aussi une aventure galante avec Don Ramon de Monfar. C’est ce dernier qui, au cours d’une altercation, tua Sant-Dionis. Il réussit à s’enfuir jusqu’en Espagne, son pays. On arrêta la jeune femme, accusée de complicité. Soumise à la question, la malheureuse ne voulut rien reconnaître ni dénoncer qui que ce fût.
Elle espéra jusqu’au bout être acquittée mais fut décapitée place de la Loge, en 1662. Elle avait vingt ans.
Nicole YRLE
Photos de la fontaine